Jouer sur les ambiances sonores


Jouer sur les ambiances sonores

Terrain du 962 Mont-Royal Est, troisième aménagement temporaire. Octobre 2018. Source : Céline Bonnot

MONTRÉAL – Des partenariats se développent pour améliorer l’ambiance sonore des places et des parcs

Des chercheurs et des professionnels de l’aménagement collaborent pour rendre les parcs et les places plus agréables à vivre, en jouant sur les ambiances sonores. En témoigne le projet d’aménagement du terrain du 962 Mont-Royal Est, qui mobilise l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal et l’équipe de recherche « Ville sonore » de l’Université McGill, en partenariat avec des consultants en acoustique et en architecture de paysage.

Céline Bonnot

L’aménagement du terrain du 962, une ancienne station-service située sur le Plateau-Mont-Royal, fait l’objet de recherches pour améliorer l’ambiance sonore de la future place.

Parmi les trois aménagements éphémères qui se sont succédé cet été sur ce terrain, deux ont bénéficié d’installations sonores. L’idée est de jouer avec les ambiances de la ville en ajoutant du son. Cette approche fait référence au « paysage sonore », un concept qui encourage l’usage de sons agréables tout en réduisant les bruits dérangeants.

Jouer sur les ambiances sonores pour une expérience renouvelée

Fidèle à cette approche, l’équipe de recherche «  Ville sonore » de l’Université McGill a mené une enquête auprès d’environ 400 usagers de la place pour mesurer l’impact des installations sonores sur leur bien-être. La chercheuse principale de l’équipe, Catherine Guastavino, explique qu’avec les installations sonores, « l’espace est perçu comme plus calme, moins bruyant, plus propice au ressourcement ». Les sons créent une bulle sonore qui détourne l’attention du trafic de l’avenue Mont-Royal. Selon Jeanne Faure, designer urbain chez Castor & Pollux, ces installations ont facilité l’appropriation des lieux dans le troisième aménagement. Le rayonnement de sons autour des chaises a incité plus de personnes à s’asseoir.

Troisième aménagement éphémère du terrain du 962 Mont-Royal Est, octobre 2018. Source : Céline Bonnot

Les sons viennent enrichir l’expérience sensible ressentie par les usagers des parcs. Selon la psychoacousticienne Catherine Guastavino, affiliée au Centre Interdisciplinaire de Recherche en Musique, Médias et Technologie (CIRMMT), ils peuvent renforcer la vocation d’un lieu : « Une ambiance sonore, elle n’est ni bonne ni mauvaise. Elle est plus ou moins adaptée à un type d’activité ». Par exemple, le bruit du trafic est mieux accepté près de lieux d’activités comme les terrains de sport, que près d’un parc où les usagers viennent relaxer. Concepteur sonore à Audiotopie, Étienne Legast précise que l’absence de sons n’est pas toujours positive : « Au restaurant, quand il y a quatre personnes, on se sent mal à l’aise ». Il est donc important de bien identifier la vocation d’un lieu pour l’aménager, en consultant les citoyens par exemple.

Pour le projet du terrain 962, le concepteur a créé un système de son composé de haut-parleurs protégés dans des boîtes. Les sons se répondent d’un haut-parleur à l’autre, un peu comme les chants d’oiseaux dans une forêt. Selon le concepteur, la qualité de l’expérience sonore croît avec le nombre de haut-parleurs : « Plus on a de sources, plus on a un environnement sonore riche et diversifié ».

Bande sonore utilisée pour le second aménagement éphémère du terrain du 962, été 2018. Source : Étienne Legast, Audiotopie.

Étienne Legast, concepteur sonore à Audiotopie, présente une boîte spécialement conçue pour protéger les haut-parleurs et leurs câbles. Cet équipement doit être adapté aux conditions extérieures.

Des ateliers de design collaboratif

Pour inciter les professionnels de l’aménagement à mieux prendre en compte les sons dans la conception des parcs et des places, l’équipe de recherche « Ville sonore » met en place des ateliers de design collaboratif. Au printemps 2019, un grand atelier aura lieu pour recréer en direct l’ambiance sonore du terrain 962, à partir des mesures acoustiques relevées cet été. Chercheurs et professionnels de l’aménagement simuleront ensemble des ambiances sonores, en ajoutant ou en retirant des sons. Par exemple, que se passe-t-il si on ajoute une fontaine ou si on réduit la circulation? Quels sons veut-on masquer ou mettre en avant ?

Enregistrement sonore du terrain du 962 Mont-Royal Est, octobre 2018. Source : Mariana Meija Ahrens, équipe de recherche « Ville sonore ».

Micro ambisonique (pour prise de son et restitution mutlicanale) à gauche et sonomètre (pour mesurer les niveaux sonores) à droite. Source : Christine Kerrigan, équipe de recherche « Ville sonore »

Ce partenariat entre professionnels et chercheurs est essentiel pour l’équipe de recherche : « Pour nous, c’est vraiment important qu’ils [les professionnels] fassent partie de la discussion », souligne Catherine Guastavino. Un premier atelier collaboratif a déjà eu lieu en décembre 2016. L’étude issue de cet atelier a mis en avant la pertinence des simulations en laboratoire pour faciliter les échanges entre chercheurs et professionnels. L’étude montre aussi l’intérêt de cet outil pour prendre en compte l’environnement sonore tôt dans la planification de l’aménagement.

Le grand atelier collaboratif permettra de mieux prendre en compte les sons dans l’aménagement permanent qui sera installé en 2020. Il aura lieu dans une salle multimédia de l’école Schulich de McGill et du CIRMMT, le Centre for Interdisciplinary Research in Music Media & Technology, à l’Université McGill.

Écoutez notre baladodiffusion : Quelle est l’influence du paysage sonore sur le bien-être ?

Sources : Texte par Céline Bonnot. Bande sonore : Étienne Legast, concepteur sonore à Audiotopie. Bande sonore utilisée à l’été 2018 pour un aménagement éphémère du terrain du 962 Mont-Royal.


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